Certains d’entre nous ont vécu des guerres mondiales, des guerres froides, des krachs boursiers, des tornades, des ouragans, des grippes espagnole ou asiatique, des écrasements d’avion, des naufrages conjugaux et nous nous en sommes sortis plus ou moins intacts. Mais voilà qu’un virus surgi de nulle part a bouleversé du jour au lendemain l’environnement physique et mental de notre monde.
Nous, les retraités, sommes peut-être mieux équipés pour faire face à la COVID-19. Nos attentes sont déjà réduites lorsque nous sommes forcés de nous isoler socialement, nous avons plus de temps à notre disposition et nous avons une plus grande expérience des hauts et des bas de la vie. La plupart d’entre nous avons probablement abordé la pandémie avec un certain détachement, mais, dès qu’elle se rapproche un peu plus de notre quotidien, nous sommes obligés de changer notre évaluation et notre point de vue.
Je suis le parent non seulement d’une victime de la COVID-19, mais de ce que l’on appelle un malade de « longue durée », ces gens qui en ressentent les effets pendant des mois. Mon fils n’a pas simplement souffert de symptômes légers, il a dû être hospitalisé avec une pneumonie et il a été confiné à un ventilateur pour s’en sortir malgré tout. Pour empirer les choses, il venait tout juste de survivre à un traitement pour un cancer des ganglions dont il subira les séquelles pour le restant de ses jours et il avait une belle collection de comorbidités susceptibles d’exacerber les effets du virus. Aujourd’hui, après des semaines de convalescence, il se réveille encore la nuit en sueur après des cauchemars au sujet du ventilateur.
Quel est son pronostic? Avec ce nouvel envahisseur viral si insidieux, on lui dit que le corps médical en sait malheureusement très peu sur le virus lui-même ainsi que sur ses effets physiques et psychologiques. Le moindre effort l’épuise et il souffre de problèmes respiratoires, de tachycardie, de fièvre et de migraines, et il a le « cerveau embrouillé ». Ces ennuis pourraient persister pendant des mois, voire des années, et, dans l’intervalle, il ne peut même pas subir de traitements de chimiothérapie de rappel pour son cancer parce qu’il ne cesse de tester positif pour la COVID-19. Nous faisons notre possible pour lui, lui livrant de la nourriture et des médicaments, lui prodiguant des mots d’encouragement en ligne, mais nous ne pouvons même pas le
serrer dans nos bras pour le rassurer.
Son cauchemar et notre anxiété impuissante à son égard ne sont qu’une autre de ces tristes histoires autour de ce virus qui a fait tant de morts, de gens meurtris, sans emploi, financièrement ruinés ou tout simplement paniqués ou déprimés dans son sinistre sillage.
Alan Yates
Membre de l’ANR, Ottawa