Un ami proche m’a suggéré que puisque j’écris beaucoup sur ma façon d’agir avec la démence, je devrais consacrer une chronique à la façon dont la démence agit sur moi. Je ne sais pas vraiment par où commencer. Dorothea et ma famille devront m’aider ici.
L’enjeu le plus évident est l’équilibre, c’est ce qui retient l’attention de la famille. J’utilise un déambulateur lorsque je m’aventure à l’extérieur et une bruyante canne pour me déplacer à la maison. Dorothea m’entend donc venir de loin. Pour emprunter les escaliers, j’ai besoin de mains courantes des deux côtés. Je dois alors surveiller mon langage quand je me bats avec les marches.
Lorsque Dorothea sort sans moi, je lui demande où elle va et quand elle reviendra. Je m’inquiète de la circulation. Si j’entends une sirène, j’imagine immédiatement le pire. Dans tels cas, il lui arrive de m’envoyer un petit texto pour me rassurer. Une vieille chanson disait de « voir la vie sous son jour ensoleillé ». Je devrais revenir à un tel état d’esprit.
Je pense que mon tempérament reste bon. Je ne me prends pas en pitié, mais je regrette l’effet que ma condition a eu sur Dorothea. Mes pertes de mémoire n’affectent pas mon humeur. En fait, je suis plutôt de bon voisinage et, bien souvent, lorsque je suis dans un restaurant, je n’hésite pas à engager la conversation avec des voisins de table. Ils ont généralement quelques questions pour Dorothea. En raison de ma façon de réagir à ma condition, les étrangers n’hésitent pas à nous aborder avec quelques questions.
Lors d’un récent dîner, nous étions assis face à deux hommes âgés. J’ai appris qu’il s’agissait de vieux amis qui aiment bien bavarder. J’étais curieux de savoir depuis combien de temps ils étaient amis, alors, inévitablement, je me suis mis à leur parler. L’un d’entre eux m’a reconnu et il m’a posé quelques questions. Comme d’habitude, je lui ai répondu avec empressement. Ils avaient aussi des questions pour Dorothea.
Je porte maintenant un dispositif d’alerte médicale en cas de chute. Je porte un bidule autour du cou et il y a une sorte de récepteur à la maison. Voilà une chose qui, je l’espère, ne servira jamais.
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